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Article | 01 mars 2024 |
Seamus Lyons, CFA
Senior Investment Manager, AXA IM Select
Il existe généralement une série de catalyseurs qui alimentent la montée en puissance des entreprises de croissance. Il peut s’agir de fournir un composant essentiel ou prometteur dans un secteur à croissance rapide tel que l’intelligence artificielle, de détenir une part de marché dominante dans un secteur particulier ou d’être le premier à commercialiser un nouveau produit dans un domaine spécialisé tel que les produits pharmaceutiques (également connu comme «first mover advantage »). Des événements macroéconomiques peuvent également stimuler une croissance anormale des actions, voire des secteurs. Si la production d’un produit particulier est restreinte dans certaines régions, par exemple, cela profite aux entreprises qui sont encore en mesure d’approvisionner le marché. De nombreuses entreprises prospères connaissent une croissance « supranormale », souvent sur une période bien supérieure à un an, au cours de leur période de développement, avant de ralentir au fur et à mesure que leur marché et elles-mêmes arrivent à maturité.
Une croissance « supranormale » n’est pas viable à long terme. La raison en est peut-être que les perspectives plus intéressantes encouragent la concurrence, qui à son tour fait baisser les prix de vente et, en fin de compte, affaiblit le profil de croissance du secteur et des actions qui y sont liées. Il est également difficile de calculer un prix juste pour les actions de croissance « supranormale », étant donné qu’elles comportent deux phases de croissance à évaluer - la première étant « anormale » et la seconde normalisée. Cela signifie qu’un modèle d’actualisation des dividendes (dividend discount model ou DDM) en plusieurs étapes est nécessaire pour calculer la valeur actuelle des dividendes générés au cours de la première période de forte croissance, ainsi que ceux générés au cours de la période suivante de croissance plus faible. Cette situation contraste avec celle d’une entreprise bénéficiant d’une croissance normalisée constante. Dans ce cas, un DDM simplifié est utilisé pour refléter des perspectives plus stables en matière de bénéfices et de marché.
Si les actions à croissance « supranormale » peuvent produire des rendements exponentiels, l’identification des bons titres et des bons thèmes est déterminante. Au cours de l’année écoulée, les performances positives de l’indice S&P 500 étaient dues aux très bons résultats d’une poignée d’entreprises. Il s’agit des sept grandes valeurs technologiques, les « 7 Magnifiques » : Apple, Amazon, Microsoft, Google, Nvidia, Meta et Tesla, sachant que cette dernière pourrait désormais être considérée comme une ex-valeur de croissance. Avec un cours de l’action à peine supérieur à 1 dollar en 2010, il aura fallu une décennie pour que le marché remarque le potentiel de Tesla. Ce n’est qu’en 2020 que le cours de l’action a décollé, commençant l’année à 29 dollars pour la terminer à 235 dollars en décembre. L’action a par la suite culminé à 407 dollars en novembre 2021. Au cours des cinq années entre 2019 et 2023, la croissance du chiffre d’affaires, des marges d’exploitation et des bénéfices d’exploitation de Tesla a été exponentielle. Ses revenus automobiles, de 20 milliards de dollars en 2019, ont augmenté de 396 % pour atteindre 82,4 milliards de dollars en 2023, tandis que sa marge d’exploitation négative de -0,3 % est passée à 17 % en 2022 avant de finir à 9,2 % en 2023. En janvier 2024, Tesla a été le titre le moins performant du S&P 500, avec une baisse de 24 %, et reste à la traîne. L’une des principales raisons est la mise à jour, au quatrième trimestre, des prévisions de croissance des ventes prévues pour 2024, estimée « nettement plus faible », certains signes étant apparus à la fin de l’année 2023. Cette évolution s’explique notamment par l’intensification de la concurrence des fabricants chinois de VE, ainsi que par l’évolution de la dynamique du marché et des préférences des consommateurs après des années de croissance rapide. Les réductions de prix et l’augmentation des coûts de recherche et de développement ont également pesé sur le sentiment.
En revanche, Nvidia reste en territoire de croissance « supranormale ». Son action est passée de 150 dollars au début de 2023 à plus de 700 dollars en février 2024. Elle est aujourd’hui l’une des cinq entreprises à plus forte valeur au monde, avec une capitalisation boursière plus importante que celle de l’ensemble du marché boursier chinois. La ferveur du marché repose sur le fait que Nvidia contrôle le marché des puces GPU utilisées pour l’IA, dont la demande s’accélère. Toutefois, si des signes indiquent que le cycle des puces se ralentit et/ou que la concurrence de concurrents tels qu’Intel ou AMD est appelée à s’intensifier, les valorisations très élevées de l’action pourraient sembler vulnérables.
Un titre de croissance peut jouir d’une position dominante pendant une période prolongée, mais il sera toujours confronté à une série de pressions concurrentielles de plus en plus fortes. Dans l’environnement de marché actuel, caractérisé par des valorisations exigeantes dans certains secteurs, l’exposition à des secteurs particuliers du marché par l’intermédiaire de fonds de fonds offre des avantages en termes de diversification et permet aux investisseurs de profiter du niveau d’expertise élevé des gestionnaires en matière d’investissement, tout en contribuant à compenser les risques et la volatilité inhérents.